Statuette d’Emmanuel Frémiet (1824-1910)
1892, Toulouse, musée des Augustins
Épouse infidèle, mère dénaturée, reine félonne : tel est le triple réquisitoire que l’historiographie dressa contre Isabeau de Bavière. Ne fut-elle pas la maîtresse de son beau-frère Louis d’Orléans ? N’abandonna-t-elle pas son mari, le pauvre roi fou Charles VI et ne renia-t-elle pas son fils, le « soi-disant dauphin », futur Charles VII ? Ne signa-t-elle pas le « honteux » traité de Troyes (1420) qui livra le trône français à l’Angleterre ? Face à l’héroïque figure de Jeanne d’Arc, Isabeau est l’ange noir de cette fin du Moyen Âge. Dans son Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, le marquis de Sade en fit même l’incarnation du vice… Le mariage d’Isabeau de Bavière avec Charles VI, le 17 juillet 1385, fut le fruit des calculs politiques du frère du roi de France Charles V, Philippe II le Hardi, qui avait reçu la Bourgogne en apanage. Philippe cherchait en effet des alliances en Allemagne pour contrer les ambitions anglaises aux Pays-Bas. Or, Isabeau, que l’on disait fort belle, était fille du duc de Bavière Étienne II de Wittelsbach et de Tadea Visconti. Les deux jeunes gens se rencontrèrent donc à Amiens le 14 juillet 1385 et s’unirent trois jours plus tard. Isabeau fut sacrée reine de France en août 1389. Rien ne destinait au départ cette jeune princesse, capricieuse et sensuelle, à jouer un rôle politique.